L’association Savoir en Actes a été créée en 2013. Mais l’idée initiale a germée bien avant, en août 2006 …
C’est sous ce nom commercial que j’ai exercé une activité de consultant-formateur entre 2006 et 2012, au sein de la coopérative d’entrepreneurs Oxalis-SCOP.
Je republie ci-dessous un article posté sur mon premier blog, qui raconte la genèse de ce projet.
Publié le mercredi 14 mai 2008 par Philippe
Nous sommes en août 2006, Savoir en Actes vient de naître. La marque est déposée à l’INPI, le nom de domaine acheté et le blog créé sur Gandi.
Je viens de traverser une période de crise d’identité professionnelle (crise de croissance ou de décroissance ?) qui a duré quelques mois.
Cela faisait longtemps que je me sentais tiraillé entre différents centres d’intérêt et que faute de parvenir à choisir l’un plutôt que les autres, ma vie ressemblait à celle d’un nomade, passant d’un sujet à un autre. L’idée de réunir sous un même toit, mes affaires éparpillées aux quatre coins cardinaux est apparue comme une nécessité impérieuse, salutaire.
Choisir un nom pour un projet, doit le définir sans le limiter. Dans mon passé professionnel j’ai lancé, conduit ou accompagné pas mal de projets. J’ai aimé leur trouver des noms qui résument et qui résonnent bien : 8ème @rt par exemple, pour le site web portail de quartier initié par les acteurs socio-culturels du 8ème arrondissement de Lyon.
Cette fois-ci, la tâche semblait plus ardue, c’est une sorte de pépinière à projets qu’il fallait baptiser.
« Savoir en Actes » témoigne d’une dualité qui me constitue, de contradictions internes qui m’ont fait avancer :
Le Dire et le Faire
Cela fait quelques temps maintenant que je me suis posé comme hygiène de vie d’essayer d’accorder le Dire et le Faire : faire ce qu’on dit et dire ce qu’on fait. J’ai même cru que l’on pouvait penser ce que l’on dit et dire ce que l’on pense : j’ai appris à mes dépends que la franchise a des limites et que toute vérité n’est pas bonne à dire !
Le Corps et l’Esprit
Lorsque j’étais adolescent, il semblait incongru d’être à la fois fort en maths et doué en sport, aussi mes professeurs m’ont dissuadé de m’orienter vers le professorat d’EPS comme je le souhaitais, car j’avais de trop bons résultats scolaires pour cela !
Puis, j’ai tenté vainement de mener de front des études de sociologie et une carrière d’athlète de haut niveau : intello chez les sportifs et sportif pour les intellos, je n’étais nulle part à ma place.
C’est la pratique du théâtre amateur qui m’a permis de dépasser ces clivages et de réconcilier les deux parties de moi-même, que l’école s’était ingéniée à opposer.
De la Pratique à la Théorie
En exerçant comme éducateur sportif bénévole, il m’a fallu déduire de mon expérience personnelle des régles et des consignes permettant de transmettre un savoir-faire à des enfants débutants. Le geste sportif de l’adulte entraîné n’est pas reproductible par l’enfant débutant, la démonstration et l’imitation ne servent à rien et sont même contre-productifs. C’est ainsi que j’ai découvert que le métier de formateur consiste à créer des environnements facilitant l’apprentissage autonome, selon les capacités de chacun.
En formant des animateurs socio-culturels (BEATEP animation multimédia en alternance), il m’a fallu formaliser cette praxéologie ou théorie de la pratique, en aidant de jeunes animateurs à prendre du recul par rapport à leurs façons d’être et de faire, à les déconstruire et à les reconstruire autrement.
De la Recherche à l’Action
J’ai été formé à l’action par la recherche. En Sociologie comme en Sciences de l’Education, mes travaux de mémoires m’ont amené à être associé très tôt à des projets de recherche-action. Comme Bourdieu aimait à la définir vers la fin de sa vie, « la Sociologie est un sport de combat » : je me sens mieux dans la peau d’une ceinture noire de socio que dans celle d’un docteur es sciences humaines.
« Savoir en Actes » , c’est aussi un clin d’oeil à un concept issu de la didactique qui accroche ma pratique de formateur à un champs de recherche qui me passionne.
Apprendre par l’expérience
Il y a une quinzaine d’années, j’ai repris un cursus de DEA en Didactique des Sciences & Muséologie (Paris VII – Paris XI), au cours duquel j’ai pu participer à un projet de recherche à la Cité des Sciences et de l’Industrie à la Villette portant sur les apprentissages réalisés par les enfants utilisant les manips interactives de l’espace Machines et mécanismes de la « Cité des enfants ».
J’ai découvert à cette occasion le concept de « savoir en acte » dans les travaux du psychologue cogniticien Gérard Vergnaud. Ce concept trouve ses sources dans les écrits d’Aristote (De l’âme) et dans les commentaires qu’en a fait Thomas d’Aquin. L’idée a inspiré Bachelard puis Piaget.
J’ai failli faire une thèse sur la conception d’environnements favorisant l’apprentissage en situation d’autodidaxie, en m’appuyant sur ce concept-clé et sur mon expérience de concepteur multimédia dans le domaine de l’Enseignement assisté par ordinateur …
Accompagner le changement
Mais le web est arrivé ! La mise en oeuvre de ces nouvelles technologies de l’information allait m’occuper pendant quelques années, laissant en sommeil la construction plus approfondie d’un savoir sur l’Apprendre, pour reprendre l’expression d’André Giordan.
En travaillant à l’introduction des TIC dans les organisations, associations, collectivités locales … j’ai construit et développé des outils et des méthodes d’intervention pour accompagner l’innovation et les changements dans les modes de travail et les circuits de circulation de l’information. Certains appellent cela pompeusement le knowledge management. Au-delà des mots, ce qui prime c’est la capacité d’écoute des personnes et la pertinence d’analyse des systèmes, des stratégies d’acteurs et des enjeux, dans une vision prospective.
L’homme qui marche
Le temps est venu d’héberger tout cela sous une même bannière et de faire émerger les passerelles et la transversalité qui existent entre ces points de vue différents sur un même sujet : l’Humain en mouvement.
J’aime la sculpture, et le travail d’Alberto Giacometti m’a touché dès le premier contact, il y a une vingtaine d’année. Le logo que j’ai choisi évoque cette symbolique d’un équilibre qui ne peut être atteint que dans le mouvement.
J’ai appris en courant le 100 m, que l’accélération s’obtient par la recherche du déséquilibre. Ma vie professionnelle m’a appris que les processus de transformation humaine nécessitent du temps, parfois plusieurs générations.
L’équation à résoudre est là : trouver son pas pour construire sa vie dans un équilibre dynamique.