Ces derniers mois, j’ai été de plus en plus souvent sollicité pour présenter la conférence-spectacle
« L’Écran … Méchant loup ? » dans le cadre d’opérations Semaine ou Défi « sans écrans » …
Je m’interroge sur la pertinence de ce type d’actions
Rappelons déjà que ma conférence n’est pas une séance d’information sur les « dangers des écrans », mais l’occasion d’interroger nos usages numériques et d’identifier les bonnes pratiques pour « mieux vivre ensemble avec les écrans ». Malgré le point d’interrogation dans le titre, il semble que certaines personnes n’y voient que ce qu’elles ont envie d’entendre …
Les ateliers d’échanges et les séances de théâtre-forum que j’ai co-animé auprès d’adolescent·e·s depuis 2019, font ressortir que les adultes ont tendance à reprocher aux ados ce qu’ils·elles sont les premier·e·s à faire : être captivé·e·s par les écrans.
Ces parents qui s’agacent que leurs enfants aient du mal à décrocher de leurs écrans pour venir à table, sont les premiers à décrocher leurs téléphones pendant les repas, rompant ainsi la trêve si difficilement négociée. Le travail ne saurait attendre à une époque où règne la confusion entre l’Urgent et l’Important …
A l’ère du télé-travail prescrit par décret, de la dématérialisation des services publics, de la télé-consultation, des visio-conférences et autres apéro-zoom, mettre en exergue l’imaginaire d’une vie « sans écrans » peut paraître anachronique. Faudrait-il rebaptiser le défi : « Mission impossible » ?
Il me semble qu’on prend le problème à l’envers …
Et si on demandait plutôt aux « grands » de montrer l’exemple ? Mais qui sont les « grands » ? Pas seulement les parents, mais tous ceux qui œuvrent depuis des dizaines d’années pour faire en sorte que nous devenions captivés, puis captifs de ces services numériques. Les grands acteurs économiques (GAFAM et cie), mais aussi les décideurs politiques qui nous imposent l’administration électronique en fermant nombre de permanences ouvertes au public, les employeurs qui ont découvert subitement qu’un·e empoyé·e qui travaille à la maison, c’est plus de productivité, moins d’absentéisme, moins de charges locatives si on optimise les m2 de bureaux, moins d’investissements bureautiques si on demande à chacun de travailler avec son ordinateur et son téléphone …
Moi je serais OK pour expérimenter une semaine sans écran … à la condition que tous les acteurs du territoire choisi se l’appliquent et s’y tiennent scrupuleusement … sans exception.
Je pense que cela déclencherait un joyeux bordel et que cela nous aiderait à réaliser à quel point nous sommes devenus dépendants, donc fragiles, vis à vis de ces technologies numériques.
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